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Sainte Diétrine
Vaupître, val petrae, le val de la pierre, qui mieux que moi le sait ? J'ai passé mon adolescence à restaurer en famille une des deux fermes de Vaupître, celle où fermant les yeux on sent sourdre l'eau, omniprésente, celle enfin où encore aujourd'hui des vestiges d'animaux ornent les portes des granges. Dans cette vieille terre du Morvan, elles sont semblables à l'air que l'on respire, on ne s'y oppose pas, elles étaient là longtemps avant nous.
Mais la pierre qui a donné son nom au vallon est autrement célèbre : la roche sainte-Diétrine, sainte inexistante mais eau guérissante. En effet, dans le parler du Morvan, le mot « diètre » qui signifie « dartres » désigne toutes les affections de le peau. Diétrine est donc la dartreuse élevée au rang de sainte !

Une légende raconte qu'une jeune fille, Diétrine, poursuivie par un chasseur peu scrupuleux et avide de jeunesse, implore dans sa fuite la pierre de l'accueillir en son sein. La pierre s'entrouvre, la jeune fille s'y glisse, la pierre se referme. Son honneur est sauf et le lieu de sa réclusion devient lieu de guérison. Les malades viennent s'y soigner, la roche devient sanctuaire et encore au début du 20ème siècle les femmes des fermes voisines guident les voyageurs vers elle.

Redonner vie à la roche, faire vibrer sur elle la lumière des flammes des visiteurs, capter leurs regards, telle est mon envie.