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Deeparam, facteur du désert
Il n'est pas rare qu'au bout du bout du monde existe encore un autre bout du monde où vivent reculées quelques familles, dans d'improbables hameaux nichés au pied des dunes. Deeparam, 69 ans, est facteur dans le désert du Thar, au Rajasthan. Il connaît bien ces reclus de la modernité. C'est lui qui leur apporte les nouvelles, les courriers, les mandats, le réconfort parfois. Il fait la lecture à ceux qui ne savent pas lire, alerte un médecin, aide à sa manière de passeur du désert. L'homme des sables peut marcher sous une température accablante de 50°C jusqu'à dix ou vingt kilomètres, seulement chaussé de ses espadrilles, pour délivrer une lettre. A 69 ans, Deeparam reste le seul et dernier trait d'union entre les villes et ces hommes éloignés. Qui le remplacera lorsque ses jambes ne le porteront plus? Pour témoigner et conserver la mémoire d'un lien social en voie de disparition, j'ai accompagné la tournée de mon ami le facteur pendant deux semaines.