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Bhopal, Atal Ayub Colony
C'est un quartier pauvre comme tant d'autres en Inde. Une rue que rien ne distingue vraiment d'autres alignements de petites maisons et pourtant…. Atal Ayub Nagar Colony où vivent quelque 2 000 personnes est une petite excroissance urbaine, adossée au mur d'enceinte de l'usine Union Carbide qui a provoqué la catastrophe chimique de 1984. D'un côté, les restes d'une friche toujours dangereuse et où traînent encore des futs de produits toxiques, de l'autre la zone où s'étale le lac d'évaporation où des déchets dangereux étaient déversés du temps où l'usine tournait.
Dans cette entre deux, un quartier a poussé. C'est une bombe à retardements. Pollués au Sevin, le pesticide que fabriquait l'usine de Bhopal, les sols sont également gorgés d'autres produits chimiques à la dangerosité reconnue. Pendant des années, les habitants d'Atal Ayub Nagar Colony n'ont eu d'autres possibilités que de pomper une eau toxique. Aujourd'hui, ils sont raccordés à une rivière voisine mais des années de vie sur ce territoire hautement pollué ont abimé les corps silencieusement. On le sait mais on vit avec. Et parfois même, on fait comme si de rien n'était. Parce qu'il faut bien continuer à vivre ici, faute d'avoir les moyens de se protéger des risques en allant habiter un autre quartier de la ville.  On fait comme si c'était une histoire passée.
Le mur soutient les maisons, il cache aussi ce que l'on ne veut plus voir. Les corps et leurs maux chuchotent ce qui se dit rarement tout haut. 35 ans après la catastrophe, Bhopal continue d'en subir les effets. Atal Ayub Nagar Colony est en première ligne.