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Les fruits amers de la Partition (partie 2)

Soixante-quinze ans après l’indépendance, que reste-t-il des promesses qui ont accompagné la création de l’Inde et du Pakistan ?

L’Inde de Narendra Modi ne cherche plus à défendre la version indienne de la laïcité
garantissant la cohabitation des religions, c’est-à-dire la concorde entre hindous, musulmans, sikhs, chrétiens, jaïns, parsis, bouddhistes, composant la mosaïque indienne. La politique mise en place par le premier ministre indien vise désormais à asseoir la domination de la majorité hindoue, au nom de l’hindutva, une idéologie suprémaciste qui n’hésite pas à réécrire l’histoire. Des discours haineux à leur encontre sont de plus en plus fréquents. Des Pas un mois sans un évènement, un fait divers où des musulmans sont victimes de violences.  

Les musulmans représentent 14,2 % de la population, soit environ 200 millions de personnes, dont les aïeux avaient choisi au moment de la partition en 1947, de ne pas rejoindre le Pakistan, confiants dans l’idée de vivre en paix dans leur pays, l’Inde.

Déjà en 2002, dans l’État du Gujarat, alors que Narendra Modi était ministre en chef de cette région, le discours nationaliste prônait l’expulsion des musulmans des zones mixtes. De violentes émeutes antimusulmanes ont éclaté faisant plus de 2 000 victimes.

En 2019, l’Inde a adopté une loi très controversée, le Citizenship Amendment Act, qui prévoit la régularisation de tous les réfugiés arrivés avant 2014, qu’ils soient hindous, sikhs, chrétiens ou bouddhistes qui ont fui l’Afghanistan, le Pakistan ou le Bangladesh « pour des raisons religieuses ». Les réfugiés musulmans sont eux exclus de cette loi et resteront sans papiers, sans droits. Pour ceux qui en plus n’arrivent pas à prouver leur citoyenneté demandée par le NRC (National Registration Citizen), c’est la double peine. Ils deviennent des « doubtful Citizen » et peuvent être enfermés dans des centres de rétention.

En décembre 2019 plus de 200 femmes vont bloquer une voie rapide de la capitale pendant plus de trois mois pour contester cette loi jugée discriminatoire à l’égard des musulmans indiens. Elles seront stoppées par l’arrivée du covid qui les a obligées quitter la voie publique.