Les fruits amers de la partition

SARDAR HAGI MOHAMMAD ASGHAR DOGAR - MUSULMAN - 25 ANS EN 1947 - Originaire de Daska. Sa famille était en très bons termes avec les hindous et les sikhs qui leur ont conseillé de partir en raison des risques. Ils se pensaient forts, sans jamais imaginer que certains chercheraient à les tuer. Cependant, les sikhs et les hindous ont insisté : « nous n’arriverons pas à vous sauver des mains des meurtriers ». MOHAMMAD MUSHTAQ - MUSULMAN - 7 ANS EN 1947 - Originaire de Bikaner. Ils apprirent que l’Inde telle qu’ils la connaissaient serait divisée en deux pays. Ils en avaient parlé, sans jamais imaginer que cela soit possible. Ils ne voulaient pas quitter la partie indienne, ce sont les militaires qui les y ont forcés. Le voyage fut si terrible qu’il est impossible de le raconter. Il a vu tant de morts. « On n’a jamais eu la paix, ni ici, ni là-bas. On souffre toujours. Je ne me sens pas bien ici. Je n’appartiens pas à ce pays. Si j’avais la chance de pouvoir rentrer, je partirais immédiatement ». NAZEERA BIBI - MUSULMANE - 10 ANS EN 1947 - Originaire de Kariala. Ils ont voyagé en famille, à pied et en train. Ils ont mis 7 à 8 jours pour arriver à Lahore, où il y avait un camp de réfugiés. Ils y sont restés quelques jours, il n’y avait rien à manger. Un avion ou un hélicoptère jetait de la nourriture au-dessus du camp. De Lahore ils sont allés à Faisalabad, puis Multan. Sa famille est partie sans rien. Sa mère a toujours essayé de protéger ses sœurs et elle, en leur barbouillant le visage de boue. Elle pensait que comme cela, elles ne seraient pas kidnappées. Sa maman a vu beaucoup de jeunes filles tuées avec les poitrines coupées. Plus tard, certaines femmes kidnappées ont été rendues à leurs familles. Les sikhs avaient tatoué sur leurs fronts ou leurs mains, un signe pour les identifier. La couleur était vert foncé, très foncée et impossible à enlever. MOHAMMAD AMEEN - MUSULMAN - 12 ANS EN 1947 - Originaire de Bhaag près de Bikaner. Il habite au Pakistan le village de Bhraman qui était hindou comme son nom l’indique (Bhramane : caste hindoue). Aujourd’hui, il n’y a plus que des musulmans. Il est arrivé à pied avec son oncle et sa tante. Son père est resté en Inde, il ne voulait pas quitter ses terres et sa maison. Quinze villages s’étaient rassemblés pour partir ensemble, en une seule et même Kafila. Elle faisait plusieurs kilomètres de long. Il y avait une dizaine d’hommes armés pour leur sécurité. Ils étaient à cheval. Sur le chemin vers le Pakistan, il a vu beaucoup d’affrontement entre hindous et musulmans, beaucoup de morts. Ils devaient passer par-dessus. « C’était horrible. Il y avait aussi des enfants, pas seulement des adultes »…« Tout le monde était devenu fou, c’était une hystérie de masse ». MOHAMMAD MUCHTAR - MUSULMAN - 7 ANS EN 1947 - Originaire de Talwandi Choudhrian. « L’armée est venue et nous a informé que nous devions quitter notre village. Avant cela on nous a dit que le gouvernement avait demandé que les musulmans quittent le village et que si ils ne le faisait pas, ils seraient tués. Et s’ils étaient tués, le gouvernement ne serait pas responsable. Alors nous sommes partis à pied, puis nous avons pris le train pour Lahore. De Lahore nous sommes allés vers Multan. Nous étions en groupe avec toute ma famille et mes cousins… On entendait partout que les musulmans devaient tuer les hindous, les hindous, les musulmans, les musulmans les sikhs. C’est comme cela que les gens ont commencer à se tuer». Avant de quitter précipitamment leur domicile, beaucoup ont enterré leurs bijoux et leur or, pensant qu’ils reviendraient un jour. Entre 1954 et 58, plus de 2 200 recherches de trésors enfouis ont été entreprises au Pakistan : le montant récupéré s’est élevé à 6 900 000 roupies.

RkJQdWJsaXNoZXIy NTUyMzI=