Les fruits amers de la partition

NOOR ILAHI - MUSULMANE - 18 ANS EN 1947 - Originaire de Fazilka. Son village (côté indien) était musulman. Elle avait des amis hindous, mais elle ne mangeait jamais chez eux, ni eux chez elle. Sa famille possédait deux maisons, une de chaque côté de la rivière Sutlej proche de la frontière. Sa famille ne se doutait de rien à propos de la partition, ni qu’un jour une maison serait au Pakistan et l’autre en Inde. Noor Ilahi ne connaissait ni le nom de Gandhi ni celui de Jinnah, son père non plus. C’est son oncle qui les a prévenus, son père avait été tué et le village incendié. Ils sont restés réfugiés dans leur maison au Pakistan. En voyant la panique qui s’emparait de leurs voisins, ils comprirent que leur oncle ne mentait pas. THE ILLUSTRATED LONDON NEWS - 18 AOÛT 1947. « Le fort de Delhi aujourd’hui : sanctuaire et lieu de rassemblement des musulmans indiens ». « Là où les musulmans de Shan Jahan tenaient autrefois leur cour : les fugitifs musulmans se réfugient dans le vieux fort de Delhi ». « Nous marchions de nuit, en groupe à travers les champs et les forêts. Nous nous cachions pendant la journée ». Cette phrase est revenue plusieurs fois dans les témoignages des refugiés, qu’ils soient hindous, musulmans ou sikhs. MOHAMMAD RAFIQ - MUSULMAN - 25 ANS EN 1947 - Originaire d’Amritsar. Avant la partition, sa famille vivait tranquillement dans leur village près d’Amritsar. Ils ne connaissaient ni Gandhi, ni Jinnah. Lorsque la partition a été prononcée, ils ont dû tous partir. Ils reçurent des messages d’amis sikhs vivants à proximité de chez eux, proposant une protection. C’étaient des pièges. Il a perdu huit oncles et tantes dans l’affrontement qui a suivi. Aujourd’hui, Mohammad Rafiq ne connaît aucun sikh et ne veut pas en rencontrer. Pourquoi est-ce que je voudrais rencontrer quelqu’un responsable de la mort de mes oncles ? » … « C’était notre destin, maintenant il faut avoir les yeux tournés vers Dieu ». Le pont de Sulemanki sur la rivière Sutlej était un des points de passage de la nouvelle frontière. Cela a été un lieu de chassés-croisés sanglants, entre les réfugiés musulmans qui fuyaient vers l’Ouest et les hindous et les sikhs qui fuyaient vers l’Est. The Dawn of Freedom These tarnished rays, thisnight-smudged light— This isnot thatDawn forwhich, ravishedwith freedom, wehad set out in sheer longing, so sure that somewhere in itsdesert the skyharbored a finalhaven for the stars, andwewould find it. Wehadnodoubt thatnight’s vagrantwavewould stray towards the shore, that theheart rockedwith sorrowwould at last reach itsport. Friends, ourblood shaped its ownmysterious roads. Whenhands tugged at our sleeves, enticingus to stay, and fromwondrous chambersSirens cried out with theirbeguiling arms,with theirbarebodies, our eyes remained fixed on thatbeckoningDawn, forever vivid inhermuslins of transparent light. Ourbloodwas young—what couldholdusback? Now listen to the terrible rampant lie: Lighthas foreverbeen severed from theDark; our feet, it isheard, arenow onewith theirgoal. See our leaderspolish theirmanner clean of our suffering: Indeed,wemust confess only tobliss; wemust surrender anyutterance for theBeloved— all yearning is outlawed. But theheart, the eye, the yetdeeperheart— Still ablaze for theBeloved, their turmoil shines. In the lanternby the road the flame is stalled fornews: Did themorningbreeze ever come?Wherehas itgone? Nightweighsusdown, it stillweighsusdown. Friends, come away from this false light.Come,wemust search for thatpromisedDawn. L’AUBE DE LA LIBERTÉ Cette lumière marbrée, cette aube tachée de nuit, Ce n’est pas l’aube que nous attendions, ce n’est pas l’aube à laquelle nous aspirions comme nous avions entrepris de trouver La destination finale des étoiles dans le vaste ciel Quelques part les vagues épuisées par la nuit trouveront leur rivage Quelque part notre navire chargé de chagrin trouvera son ancre. Amis, notre sang a tracé ses propres routes mystérieuses. Quand des mains tiraient sur nos manches, nous incitant à rester, Et que des chambres merveilleuses les Sirènes criaient Avec leurs bras séduisants, avec leurs corps nus, Nos yeux restaient fixés sur cette Aurore qui nous faisait signe, À jamais vivante dans ses mousselines de lumière transparente. Notre sang était jeune - qu’est-ce qui pouvait nous retenir ? Écoutez maintenant le terrible mensonge rampant : La Lumière a été à jamais séparée de l’obscurité ; Nos pieds, dit-on, ne font plus qu’un avec leur but... Voyez nos dirigeants polir leur manière de nettoyer notre souffrance : En effet, nous ne devons confesser que la félicité ; Nous devons abandonner toute parole pour le Bien-Aimé - Toute aspiration est proscrite. Mais le cœur, l’œil, le cœur encore plus profond, Toujours enflammé pour le Bien-Aimé, leur agitation brille. Dans la lanterne au bord de la route, La flamme est en attente de nouvelles : La brise du matin est-elle jamais venue ? La nuit nous pèse, elle nous pèse encore. Amis, éloignez-vous de cette fausse lumière. Venez, nous devons chercher l’aube promise. Faiz Ahmed Faiz - August 1947

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