Les fruits amers de la partition

BHAGA BAI - HINDOUE - 18 ANS EN 1947 - Originaire de Sargodha. Au moment de la partition, les hindous ont quitté le village de son père, Sargodha, pour aller en Inde, vers Alwar situé au Rajasthan. Ils étaient 400 à 500 personnes. Ils sont partis en groupe et à pied, les femmes et les enfants étaient placés au centre. Ils sont arrivés en Inde par le pont de Sulemanki et ont reçu une tente et de la nourriture à Fazilka. De là, ils sont partis à Alwar, leur objectif. Plus tard, Bhaga Bai s’est mariée. Son mari a refusé le terrain que l’État lui proposait en compensation des pertes au Pakistan, il était rocailleux et complètement inexploitable. Finalement, ils sont repartis à Fazilka où Ils ont travaillé comme ouvriers agricoles toute leur vie. Ses enfants et petits-enfants exercent encore ce métier aujourd’hui. AMARTNATH ARORA - HINDOU - 15 ANS EN 1947 - Originaire de Raja Jang. Au début du mois d’août, un bus avec un haut-parleur passait dans les villages et diffusait en boucle un message suggérant aux hindous et aux sikhs de quitter leurs villages. Sa famille n’en a pas tenu compte. Quelques jours plus tard, la situation a complètement changé. Ils entendaient venir de toute part « Chalo, Chalo », « Partez, partez ». Puis, ils ont été attaqués par des musulmans. Dès le lendemain matin, très tôt, ils sont partis en char à bœufs avec juste quelques affaires. Son père qui possédait 50 pièces d’argent n’a pas pu les emmener à cause du poids. Les femmes et les enfants étaient dans le char, les hommes marchaient à côté. Ils ont voyagé dix jours pour atteindre Patti. En chemin, ils ont dû donner leurs affaires aux musulmans pour être autorisés à franchir la frontière. Une fois en Inde, ils se sont installés pour quelque temps à Tarn Taran, puis à Majitha. SHARIF MOHAMMAD - MUSULMAN - 7 ANS EN 1947 - Originaire de Kalsian Kalan. Il vit dans la gurdwara de Daftuh depuis 1947. Fin août 1947, les musulmans durent quitter leur village et se rendre au Pakistan pour y être en sécurité. Le voyage prit plusieurs mois pour arriver à Daftuh. Au départ une vingtaine de familles vivaient avec sa famille dans la gurdwara abandonnée. Aujourd’hui, il ne reste plus que sa famille. Sharif Mohammad n’a jamais reçu de compensation, et il y vit toujours avec son neveu et sa femme. De cette période, son seul souvenir est « qu’il fallait sauver sa peau ». Lors de l’exode, son groupe de 250 personnes environ n’a jamais été attaqué. En revanche, la faim les rendait fous. Gurdwara abandonnée à Daftuh au sud de Lahore. Cette gurdwara a servi de refuge en 1947 à une vingtaine de familles musulmanes qui cherchaient un lieu pour s’abriter quelque temps. Peu à peu, elles sont toutes parties. La gurdwara tombe aujourd’hui en ruine. Il ne reste plus qu’une famille. Photographie prise sur l’unique route qui va de Haveli Lakha au pont de Sulemaki, point de passage obligé pour franchir la frontière vers l’Inde. NAWA-I-WAQT - 18 AOÛT 1947. La nouvelle nation pakistanaise accueille Jinnah à Karachi. En mars 1947 des musulmans occupent les villages de Thoa Khalsa et de Thamali. Pour préserver l’honneur de la communauté, quatre- vingt-quatre femmes sikhes dont le sœurs d’Avtar singh se sont suicidées, en s’immolant ou en se jetant dans les puits. La tradition sikhe voulait que les femmes s’immolent quand les hommes ne sont plus là pour les défendre. Et certains sikhs ont tué leurs propres filles pour éviter qu’elles ne soient enlevées, violées ou converties à l’islam. Copie d’une lettre datée du 9 octobre 1947 du ministère de l’aide et la réhabilitation, du Gouvernement indien aux gouvernements provinciaux et aux commissaires en chef, indiquant par province les logements disponibles pour les réfugiés.

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