Les fruits amers de la partition

PRATAP SINGH ANAND - SIKH - 1 ANS EN 1947 - Originaire de Rawalpindi. Il était trop petit pour se souvenir des évènements. Mais son père lui a raconté qu’avant la partition hindous, sikhs et musulmans vivaient en harmonie. Ce sont ses amis musulmans qui l’ont averti des dangers à venir, ils savaient que la situation allait dégénérer. Ils sont partis en 1946. DEEWANCHAND CAMBOJ - HINDOU - 9 ANS EN 1947 - Originaire de Malana. Pour échapper aux musulmans de leur village, ils se sont réfugiés dans une gurdwara, lieu de culte sikh, mais rester là était impossible. Les musulmans les attaquaient de toutes parts. Ils ont fui comme ils pouvaient, certains avec leur char à bœufs, d’autres à pied, juste avec les habits du jour. Petit à petit ils ont été rejoints par d’autres groupes. Certains portaient les plus vieux sur leur dos ou sur leurs épaules. Quelques vieilles personnes demandaient à être abandonnées pour ne pas ralentir le groupe. Être un fardeau était une honte. Sa mère avait caché dans ses vêtements des pièces d’argent. À la frontière, arrêtés par des musulmans, elle a dû les céder pour autoriser la famille à passer, cela les a sauvés. France ILLUSTRATION - N° 101 - 6 septembre 1947. « Au lendemain de la création des deux nouveaux dominions » « Batailles à la frontière de l’Inde et du Pakistan » SARDAR TRILOK SINGH - 16 ANS EN 1947 - Originaire de Madir dans le district de Gujranwala. Début août 1947, son village a appris que la partition se préparait. Des musulmans en grand nombre sont venus attaquer les villageois. Ils ont essayé de lutter, mais les assaillants étaient plus nombreux et plus forts. La seule solution était de partir, ils ont quitté leurs maisons sans pouvoir emmener leurs affaires, simplement habillés des vêtements qu’ils portaient. Ils ont rejoint un groupe de plus de 1000 personnes, qui possédaient des armes pour se défendre en cas de besoin. Ils ont marché en direction de Nagal pendant deux jours, sous la pluie. En avançant, ils découvraient des morts partout. Des femmes, épuisées abandonnaient leurs enfants en chemin. Sa famille s’est rendue à Majitha où habitait sa tante, ils y sont restés quelque temps. Sardar Trilok Singh se souvient bien du village de son enfance, ainsi que de ses amis, Shillo, Taju Mohammad, Sain Khan, et de la nuit où tout a changé. Témoignage de MOHAMMAD MUCHTAQ DOGAR. En arrière-plan la rivière Sutlej au pied du pont de Sulémanki. Extrait : J’avais 5 ans en 1947. Le voyage a été si terrible que je ne peux pas en parler. Nous avons marché pendant près de 40 jours. Deux de mes tantes ont été tuées. Les enfants, les femmes et tous ceux qui ne pouvaient pas marcher assez vite étaient jetés dans les puits. Ma mère, qui n’en pouvait plus, m’a jeté dans un puits, mais ma grand-mère est venue me sauver.… Nous ne voulions pas quitter l’Inde, ce sont les militaires qui nous ont forcés à le faire.… En chemin, nous avons vu tant de pillages, tant d’incendies, tant de morts sur la route. C’était horrible.… Je ne peux toujours pas vivre ici. L’Inde me manque. Je ne me sens pas chez moi ici. Je n’ai pas ma place ici. Si j’avais la chance de pouvoir y retourner, je partirais immédiatement.

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