Les fruits amers de la partition
Carte du nord-ouest de l’Empire indien. DAILY EXPRESS - 2 SEPTEMBRE 1947. Le journal titre : «Now the revenge war - Million flee - Terror crosses the border» « Maintenant, la guerre de vengeance - Des millions de personnes s’enfuient - La terreur franchit la frontière ». LA CROIX - 18 AOÛT 1947. « Au vieil empire des Indes, succèdent l’Hindoustan et le Pakistan ». LIFE - 18 AOÛT 1947. Double-page intérieure avec en titre «India gets his freedom» ou « L’Inde obtient sa liberté ». BRITISH PUNCH HUMOR/SATIRE MAGAZINE - 3 SEPTEMBRE 1947. Cette caricature est probablement une réponse à la violence généralisée, aux massacres et aux viols de sikhs et d’hindous par des foules musulmanes à Rawalpindi, en mars 1947. En arrière plan, la gurdwara de Thamali à l’abandon. Ci-dessous un poème écrit par Auden, poète anglais, sur la partition. À aucun moment Cyril Radcliffe, l’homme qui a tracé la frontière en sept semaines n’est cité, mais il s’agit bien de lui. En arrière-plan, une Haveli construite en 1893 par le riche négociant en bois Rai Bahadur Sardar Sujan Singh. Pendant les violences qui ont suivi la partition, la famille Singh a quitté le Pakistan pour ne plus jamais y revenir. Partition Unbiased at leasthewaswhenhe arrived onhismission, Havingnever set eyes on the landhewas called topartition Between twopeoples fanatically at odds, With theirdifferentdiets and incompatiblegods. “Time,” theyhadbriefedhim in London, “is short. It’s too late Formutual reconciliation or rationaldebate: The only solutionnow lies in separation. The Viceroy thinks, as youwill see fromhis letter, That the less you are seen inhis company thebetter, Sowe’ve arranged toprovide youwith other accommodation. We cangive you four judges, twoMoslem and twoHindu, To consultwith,but the finaldecisionmust restwith you.” Shutup in a lonelymansion,withpolicenight andday Patrolling thegardens to keep the assassins away, Hegotdown towork, to the task of settling the fate Ofmillions. Themaps athisdisposalwere out ofdate And theCensusReturns almost certainly incorrect, But therewasno time to check them,no time to inspect Contested areas. Theweatherwas frightfullyhot, And about ofdysentery kepthim constantly on the trot, But in sevenweeks itwasdone, the frontiersdecided, A continent forbetter orworsedivided. Thenextdayhe sailed for England,wherehe could quickly forget The case, as agood lawyermust.Returnhewouldnot, Afraid, ashe toldhisClub, thathemightget shot. W.HAuden 1966 Partition Sans préjugés, du moins l’était-il lorsqu’il est arrivé sur le lieu de sa mission, N’ayant jamais posé les yeux sur la terre qu’il était appelé à partager. Entre deux peuples fanatiquement opposés, Avec leurs régimes alimentaires différents et leurs dieux incompatibles. « Le temps, lui avait-on dit à Londres, est compté. Il est trop tard Pour une réconciliation mutuelle ou un débat rationnel : La seule solution réside dans la séparation. Le vice-roi pense, comme vous le verrez dans sa lettre, Que moins on vous voit en sa compagnie, mieux c’est. Nous nous sommes donc arrangés pour vous fournir un autre logement. Nous pouvons vous donner quatre juges, Deux musulmans et deux hindous, à consulter, Mais la décision finale doit vous revenir ». Enfermé dans un manoir isolé, avec la police nuit et jour Patrouillant dans les jardins pour éloigner les assassins, Il s’est mis au travail, à la tâche de régler le sort de millions de personnes. Les cartes dont il disposait étaient périmées. Et les recensements presque certainement incorrects, Mais il n’avait pas le temps de les vérifier, Pas le temps d’inspecter les zones contestées. Le temps était terriblement chaud, Et une crise de dysenterie le tenait constamment en haleine. Mais en sept semaines, c’était fait, les frontières étaient décidées. Un continent divisé pour le meilleur et pour le pire. Le lendemain, il s’embarquait pour l’Angleterre, où il pourrait rapidement oublier l’affaire, comme un bon avocat doit le faire. Il ne reviendra pas, craignant, comme il l’a dit à son club, d’être abattu. W.H AUDEN - 1966 Le pont de Sulemanki, dans le district d’Okara au Pendjab, à la frontière entre le Pakistan et l’Inde. Ce fut l’un des points de passage de la frontière où se sont croisés, dans le plus grand chaos, musulmans, hindous et sikhs. Tous m’ont raconté les tueries et la rivière rouge de sang. HARBAN SINGH OBEROI, SIKH - 13 ANS EN 1947 - Originaire de Thamali. Le 3 mars 1947, son village a été attaqué par un groupe de musulmans. Le 12 mars, un compromis est trouvé avec les assaillants. Ils acceptaient de se désarmer en échange de leur liberté et de celles des hindous. En contrepartie, les musulmans devaient les laisser partir en toute sécurité. L’engagement n’a pas été respecté. Les sikhs désarmés ont été attaqués et leurs maisons brûlées. Harban Singh Oberoi a été blessé au bras, au cou et à la tête. Son turban l’a très certainement protégé. Il s’est caché dans les champs et a été sauvé par une de ses professeurs de confession musulmane.
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